Vers mes 10 ans, mon père ne s’en prenait plus seulement à ma mère, mais aussi à moi et à mon frère. La maison était devenue un endroit où nous n’avions plus notre place. La plupart du temps, nous étions confinés dans nos chambres, interdits de regarder la télévision dans le salon, de nous doucher ou même d’aller aux toilettes quand nous en avions besoin.
Nos repas se résumaient souvent à du spaghetti à la viande et à la sauce tomate, encore et encore. Mon père volait de l’argent à ma mère et me faisait porter la faute, prétextant que j’avais l’habitude de fouiller dans son sac à main pour y prendre des gommes. Mon frère, lui, prenait souvent les blâmes à ma place, pour m’épargner.
Dès que nous rentrions de l’école, nous quittions la maison et ne revenions que tard le soir, juste avant que ma mère ne rentre du travail. C’était la seule façon d’éviter sa présence. Mon père passait ses journées à boire, une bouteille à la main, et à jouer à la console, à laquelle nous avions droit seulement de rares fois.
Son surnom, "la Lune", il ne l’avait pas volé. Toujours dans son monde, il perdait constamment ses affaires et nous accusait de les lui avoir prises. Il aurait pu mettre la maison en feu à plusieurs reprises, oubliant ses casseroles sur le feu pour aller fumer son joint.
Nous avons grandi dans cette peur, dans ce chaos, mais malgré tout, nous avons appris à survivre.
Ajouter un commentaire
Commentaires