Quand j’étais enfant, j’étais cette fille incroyablement timide, presque invisible. En classe, on oubliait mon existence. Toujours discrète, je faisais tout pour ne pas attirer l’attention, de peur du regard des autres. J’ai toujours été une personne très anxieuse, hantée par l’idée de ce que les gens pouvaient penser de moi. Cette peur me paralysait, et avec le temps, elle a grignoté mon estime de moi-même jusqu’à la réduire à néant.
J’ai toujours eu un grand cœur, toujours prête à aider. Mes grands-parents m’emmenaient souvent avec eux faire du bénévolat, et ces moments m’ont marquée. Mais cette gentillesse faisait aussi de moi une proie facile. Inoffensive, je me laissais marcher sur les pieds sans rien dire, subissant en silence, incapable de m’affirmer. J’ai vécu beaucoup d’intimidation à cause de cela. Très jeune, j’ai dû apprendre à être autonome et à prendre mes responsabilités, car ma mère travaillait dur pour subvenir à nos besoins, et mon père était souvent dans son monde.
Mais à l’intérieur, une tempête grondait. Cette souffrance silencieuse, je la retournais contre moi. Je me faisais du mal de toutes les manières possibles : frapper dans les murs jusqu’à en faire des trous, cogner ma tête jusqu’à y creuser des marques, me blesser les jointures à force de coups de poing. C’était ma façon d’évacuer ce trop-plein d’émotions que je ne savais pas exprimer autrement. Je me demandais souvent à quoi ressemblerait ma vie plus tard, si un jour je serais capable de me sentir libre et en paix avec moi-même.
Pourtant, il y avait une exception : mon frère. Quand il était concerné, c’était une toute autre histoire. Moi, qui étais d’ordinaire effacée, devenais une véritable tornade prête à tout pour le défendre. Comme si, pour lui, j’étais capable d’endosser la force que je n’arrivais pas à trouver pour moi-même. Rien ni personne ne pouvait m’arrêter lorsqu’il avait besoin de moi.
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